Dans Che vuoi ? 2008/2 (N° 30) par Pascale Hassound
L’excellent livre de P. Porret montre non seulement à quel point la rencontre de cet autre d’Extrême-Orient nécessite de déplacement de soi-même, mais que rien n’est encore vraiment joué, tout peut encore basculer pour le meilleur et pour le pire. La psychanalyse, qui va à la rencontre de la Chine, acceptera-t-elle de se faire bousculer, interroger, ou bien n’y va-t-elle que pour y transplanter ses habitus ? Quel est le prix de ce voyage? À son arrivée, pourra-t-on encore parler de « psychanalyse »? Se reconnaîtra-t-elle dans ce qu’elle aura semé ? Peut-on parler de transmission quand elle doit d’abord passer par l’insertion et l’innovation ? Même si la transmission, « si on ne la réduit pas à un processus de filiation où un intouchable passerait, inchangé parce qu’inaltérable, de génération en génération, est inséparable d’une temporalité qui travaille au changement en fonction des impératifs du présent », la question n’en demeure pas moins complexe quand on sait que la psychanalyse arrive en Chine en même temps que la mondialisation. Aussi, dit l’auteur, « transmettre la psychanalyse est probablement une expression verbale bien trop active […]. Considérer que quelque chose a finalement été transmis de la psychanalyse, avec le recul mais aussi l’engagement du futur antérieur, serait peut-être plus conforme aux faits, en réintroduisant l’aiguillon de l’histoire. »