COLLOQUE

Fabrique du dire

Session des 29 et 30 mars 2025 à la Clinique de la Toussaint – Strasbourg

La « Fabrique » est tout à la fois un lieu, point de rencontre, et un verbe : “ça“ fabrique du Dire, possibilité de prendre à son tour la parole, lorsqu’en tant de lieux, ce qui est à dire est écrasé par le protocole stérile ou la grille de lecture préfabriquée.

Hors-champ, hors temps…
Ces chemins qui se tracent en marchant…
Avec Clara Bouffartigue, réalisatrice, et son Film « Loup y es-tu ? »

Depuis nos premières rencontres avec Jean Oury, nous avions adopté l’idée de Félix Guattari : arpenter des « chemins de traverse » . Une idée que l’on retrouve avec « l’éloge du tact »[1] du philosophe Gilles Hanus. Cette manière d’approcher autrui dans l’élan retenu. Délicatesse ou « discrétion »[2] du geste comme de la parole. Manière, aussi, d’un Fernand Deligny retrouvé l’an dernier, d’accompagner ces gamins-là par la trace d’un crayon sur la feuille, plutôt que de l’arsenal diagnostique, genre DSM… Pour parler de la caméra, ou plutôt, comme il dit, de « camérer », il parle de la paluche. Sensibilité d’une main qui effleure une peau, un sujet en devenir ou celle de l’artisan dans l’écoute du sens du bois[3].
C’est ce sens du toucher, « Tocare », soulignait Jean Oury pour parler du « toucher » du pianiste, ce tact, que nous retrouvons dans les films de Clara Bouffartigue et en particulier dans « Loup y es-tu ?». La caméra, les images, travaillées, montées, nous ouvrent alors une fenêtre sur la difficulté de grandir, la complexité des liens entre parents et enfants, ces liens qui se tissent, se défont, se reconstruisent, entre rires et larmes, dans les coulisses ou les mises en scènes d’un CMP, grâce à la patience, la bienveillance et le sens clinique des professionnels qui y exercent.
La réalisatrice nous montre ce qui s’entend derrière ce qui se dit[4],  ce qui parle de ce qui ne se voit pas, ces hors-champ et hors-temps où se joue le devenir de chacun.
Montrer ce qui ne se voit pas, parler de ce qui ne peut se dire, feront thème de ce nouveau temps de rencontre, avec le film et la présence de Clara Bouffartigue et, comme pour chaque « Fabrique du Dire », des temps de lecture, d’échange et d’analyse du film.

L’équipe de la Fabrique :
Dominique Bolitt, Martine Frezouls, Pierre Isenmann,
Marielle Jourdain, Christiane Motz-Gravier. Makis Yalenios.

Renseignements : Pierre Isenmann, 06 12 48 56 10, <pierre.isenmann@gmail.com>

En partenariat avec
Les Ateliers de Lecture et la Société de Psychanalyse Freudienne.
[1] GILLES HANUS, Éloge du tact, Liber, Montréal, 2022.
[2] « Il ne s’agit dans la discrétion ni de disparaître tout à fait, ni de s’affirmer massivement, mais d’une modalité plus fine, moins attendue de l’existence {…} à « être entre deux temps »…. » (ibid p.32) Retrouvons dans la « discrétion » ce que Jean Oury reprend en termes de « paraître du retrait ».
[3] cf. Qu’appelle-t-on penser ? (M. Heidegger) « penser, c’est un travail de la main… ».
[4] La formule de Lacan : « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce s’entend. » (« L’Étourdit » 1973)